MEMOIRES DE MERS EL KEBIR
DE 1940 A NOS JOURS
DÉDICACES DU LIVRE AU CERCLE COLBERT A LORIENT (56)
Hervé Grall, Martial Le Hir et André Jaffré m’ont gentillement invité à une séance de dédicaces du livre (cité plus haut), au cercle Colbert de Lorient (56). En me garant sur le parking, regardant les marches et l’entrée du cercle, une drôle de sensation m’a envahi. Vous savez, ce genre de sensation de « déjà vu par le passé »! J’approche et en posant le pied sur les marches, une sorte de flash me revient, une image de mon père (ancien sous officier de la marine) accroupi sur ce perron, devant un petit garçon de 4 ans. Cette image papier est dans une boite de photos souvenir chez mes parents et le petit blondinet, c’est moi. C’est un retour sur les lieux près de 36 ans plus tard, pour moi ce n’est pas rien, mais bref bref … Ce jour est un grand jour pour moi ! Non seulement je vais rencontrer les auteurs de ce livre de mémoires, mais je vais aussi rencontrer André Jaffré, un des derniers survivants du drame de Mers el kebir et ayant été à bord du cuirassé Bretagne où est mort mon grand père.
La rencontre est très chaleureuse, ce sont des gens accueillants et sans manière. Alors, pour ceux qui connaissent, passé le sas d’entrée, il y a un mini salon sur la gauche, là étaient assis les trois hommes, déjà affairés à écrire des dédicaces sur les livres d’une demie douzaine de personnes agglutinées. Évidemment, les lieux étant exigus, ça parle donc fort, ça rigole. Je me sens devenir tout petit. Martial Le Hir me reconnait et entame de suite les présentations. J’avoue que j’ai été touché, parce qu’il m’a présenté directement à l’assemblée, comme « Nicolas », petit fils d’un second Maitre, mort sur le cuirassé Bretagne. Cela sous entendait que je poursuivais la lutte contre l’oubli et qu’indirectement, mon grand père recevait quelques honneurs.
Les présentations se terminent, nous arrivons au tour d’André Jaffré … Et là, face à lui, je dois dire que ça a été un moment très particulier pour moi (même émouvant) … Cet homme que j’ai vu dans de nombreux reportages (dont ceux que j’ai mis en ligne sur ce blog), qui était sur le cuirassé Bretagne en même temps que mon grand père, qui l’a surement supporté (puisque mon grand père était « saco » c’est à dire fuisilier marin, autant dire représentant de l’ordre et de discipline à bord), cet homme qui a connu l’attaque et l’horreur du drame de Mers el kebir en 1940, se trouvait devant moi, j’ai balbutié quelques mots, étant déjà et complètement saisi par l’émotion, je me suis assis à côté de lui et nous avons commencé à discuter ensemble pendant de longues minutes. Plus rien d’autre n’existait, parce que pour moi c’est une sorte de « Maitre Jedi » inaccessible et pourtant, ceux qui le connaissent pourront vous le confirmer, c’est un homme délicieux. D’une gentillesse, d’une vivacité (il porte ses 89 ans comme d’autres leurs 60 ans), d’un excellent humour et d’une positivité à toute épreuve. Il a été touché par mon implication dans le maintien du souvenir de ce drame. Il m’a félicité d’avoir créé ce blog hommage, même si internet pour lui reste abstrait. Un tête à tête que je n’oublierai jamais.
Se trouvait aussi là, un journaliste de Ouest-France. Il a passé environ 15mns avec Hervé Grall, posant des questions pour la rédaction de son article. Comme beaucoup de personnes, il a avancé des faits et des certitudes sur le drame en lui même , qui ont vite été corrigés par M. Grall. Preuve qu’il reste beaucoup de choses à faire pour rétablir les vérités sur ce drame. Le sujet est sensible et l’inconscient collectif est toujours parsemé de contre vérités et d’erreurs plus au moins grossières. Une motivation supplémentaire pour ne pas lâcher, pour poursuivre ce devoir de mémoire au travers d’une explication claire et aussi complète que possible, des faits qui ont précipité le drame et son bilan, aussi lourd qu’absurde.
Le défilé de personnes et les dédicaces ont pris fin, vers l’heure du déjeuner, ce qui m’a donné l’occasion de rencontrer un autre membre de l’association des familles de Mers el kebir, M. Madec (très abordable et sympathique lui aussi) et de poursuivre les discussions autour d’un excellent repas (foyer du marin oblige). En somme, cette journée a été très intense pour moi. Je remercie du fond du cœur, Martial Le Hir et Hervé grall, de m’avoir invité et par la même de m’avoir permis de rencontrer le formidable André Jaffré.
Nicolas
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